Un Amour de Grillage

Une histoire vraie, comique et désespérante dans une prison française en 2020.

Texte et mise en scène Valérie Durin
Création sonore Jean-Marc Istria
Chant Odja Llorca
Collaboration artistique Sara Llorca
Avec Lina Cespedes, Odja Llorca, Fabrice Gaillard et Valérie Durin

Avec le soutien de l’aide à l’écriture de la Région Bourgogne-Franche-Comté, du Conseil départemental de l’Yonne, de l’Artdam (résidence plateau de création), du Skenet°Eau de Monéteau et du Théâtre de l’Epée de Bois, Cartoucherie de Paris (répétitions en résidence)

CALENDRIER DES REPRESENTATIONS :

Une histoire vraie, comique et désespérante dans une prison française en 2020.

Un amour de grillage un peu comme un amour de vacances, celui qui prend naissance subrepticement pendant les circulations entre les grillages des hommes et des femmes détenus. Rencontres furtives, interdites, quelques secondes au grillage pour mémoriser le numéro d’écrou de la fille ou du gars, comme on prendrait ton 06. Seulement ici, pas de téléphone autorisé pour apaiser l’angoisse d’un amour naissant.

Alors commence la danse administrative. L’autre grille. On prend rendez-vous chez la C.PIP (conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation) et on fait une demande de PACS avec ce numéro d’écrou. Parce que qui dit PACS, dit parloir et bientôt parloir privé. Ensuite on défait le PACS et on en demande un autre.

L’amour de grillage connaît souvent une fin aussi brutale que son commencement.

« Mon amour de grillage » c’est celui de Hajira. A l’atelier-théâtre (mixte), ça déménage depuis qu’elle est arrivée. Une force vive sur scène. Deux heures par semaine, dans ce centre de détention pour hommes et centrale pour femmes, on l’autorise à s’approcher de Sergio. On lui permet de lui parler tout bas à l’oreille ou dans le cou, de s’asseoir tout contre lui. Ils ont demandé à se pacser.

« Mon amour de grillage » c’est aussi celui de la machine administrative et du personnel pénitentiaire. La vie quotidienne carcérale se déroule du printemps à l’automne 2020, rythmée par le bruit des clés de Sonia ou Stef, les surveillants condamnés à cacher leurs émotions, par la frénésie compliquée des bureaux à l’étage du SPIP (service de pénitentiaire d’insertion et de probation) et par la bataille de la coordinatrice culturelle qui veut placer des activités dans les difficiles conditions sanitaires et pénitentiaires.

« Mon amour de grillage » c’est enfin celui de l’intervenante théâtre qui se débat pour mettre sur pied son aventure théâtrale et humaine.

NOTE DE L’AUTRICE

Depuis une quinzaine d’années, je tente de conjuguer théâtre et prison. Mettre en place une aventure théâtrale sur plusieurs mois à raison d’une séance hebdomadaire, avec des personnes condamnées à de longues peines et obtenir leurs autorisations de sorties exceptionnelles pour présenter ce travail dans un théâtre.

Au début, seuls les hommes du centre de détention participaient à ces projets. Au bout de la sixième année, la mixité a été accordée, les femmes nous ont rejoints.

L’aventure a pris alors une autre dimension, la mixité a fait éclater les cadres. Il ne s’agit plus seulement de briser les spirales d’échec, de réveiller les esprits, de dépasser les mésestimes ou le désespoir, mais de vivre et d’aimer. De séance en séance, entre les murs de la prison, ces femmes et ces hommes tentent de réinventer la vie. L’année 2020 a présenté une telle complexité kafkaïenne d’enfermement dans l’enfermement, que la nécessité de retracer cette aventure s’est imposée pour moi.

Cette création fait suite et écho à « Numéros d’écrou » qui met en scène 14 comédiens amateurs de la compagnie auxerroise « Les Prétendants ».

J’ai choisi pour m’accompagner trois acteurs et un ingénieur son au parcours théâtral dense : Odja Llorca, Lina Cespedes, Fabrice Gaillard et Jean-Marc Istria. Je revendique la solidité de leurs expériences, leurs exigences et leurs virtuosités singulières et l’excellence de leur formation (CNSAD –  Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, TNS –  Théâtre National de Strasbourg, Ecole supérieure de La Comédie de Saint-Etienne et Ecole Périmony de Paris)
Raconter ce théâtre en prison par le théâtre et rêver de transformation.